Un évènement, bien sur, mais pas seulement pour son coté inhabituel : ça évoque plein de choses pour les chrétiens que nous sommes.
La noblesse du matériel utilisé (le bronze) ; la noblesse et l’art des maîtres fondeurs ; la tonalité du son de la cloche, son son qui, au même titre que celui rythmé de la mer, réajuste notre rythme intérieur et nous ouvre à un infini que nous, chrétiens, nommons Dieu. Les cloches rejoignent ainsi tous les hommes de bonne volonté en attente d’une réponse...
Mais c’est aussi Yahweh qui, dans l’immense jardin qu’est la terre, cherche chaque humain en criant « Où es-tu Adam, où es-tu Eve ? », invitation à un nouveau début...
C’est , trois fois par jour, le rappel de l’Incarnation : Dieu se fait homme. l’impensable aux yeux d’un bon nombre.
S’arrêter, écouter et s’unir au son des cloches, le savourer de toutes ses oreilles, et laisser sortir la prière !
« Que tu es bon, mon Dieu, de faire entendre ta voix ! »
Il y aura toujours des gens à contretemps pour lesquels les cloches du dimanche riment avec « bruit qui empêche de dormir ». Il y aura toujours des rendez-vous manqués !
Les cloches ouvrent notre coeur au c(h)oeur de ce qui fait la vie ! La vie est un chant qui n’est pas à éteindre !
Longue vie à nos nouvelles cloches !
On ne voit que deux cuves où s’effectue la fusion du bronze (78% de cuivre, 22% d’étain) non utilisé au terme de la fonte de 18h. Des lingots de bronze seront fondus pour qu’il y ait suffisamment de métal. Puis les scories surnageant sur le liquide sont éliminées à l’aide d’écumoires.
Au bruit, au rougeoiement, on se croirait dans les forges d’antan... je n’ose dire aux portes de l’enfer car les créatures qui s’affairent là, dans leur robe, sous leur masque, suant sous la chaleur et leur équipement de protection, sont des maîtres fondeurs qui opèrent à la lumière. C’est la nuit qui nous rejoint et donne à leur activité un aspect dantesque.
De chacun de ces « deux chaudrons d’enfer » une goulotte s’échappe.En fusionnant, un unique canal se forme qui aboutit aux deux conduits donnant accès à la cavité interne du moule. L’air initialement présent dans le moule puis les gaz qui envahiront cette cavité pourront s’échapper par un troisième orifice.
Le moule est enfoui. Fait d’un mélange de crottin de cheval et d’argile, il se déformerait sous la poussée du liquide dense qu’est le bronze en fusion (densité entre 8 et 9). La cloche en perdrait certes sa forme parfaite mais surtout sa qualité musicale. Car les trois nouvelles cloches sont accordées sur celle qui reste dans la cathédrale. La note fournie est fonction et du diamètre de la cloche et de l’épaisseur du métal.
C’est à la louche que le métal en fusion est versé d’abord dans 6 moules de petites clochettes puis dans les goulottes où il coule rapidement vers le moule qu’il remplit.
Le lendemain, à 18h, un champ de bataille s’offre à nos yeux : du sol éventré on a déjà extirpé la cloche coulée vendredi à 14h. On a fait disparaitre l’argile hypercuite qui formait une gangue à casser au marteau. Reste à faire disparaitre les petites stries et irrégularités en relief nées d’une fissuration légère du moule argileux surcuit au contact du métal : le métal en fusion remplit ces zones. Un brossage et polissage sérieux donneront à la cloche son lustre des premiers jours !
La seconde cloche, coulée vendredi à 21h, également extirpée, est à son tour mise debout, la gangue cuite d’argile qui l’entourait est attaquée aux burin et marteau.
On brosse le métal dégagé...
On teste le son de cette cloche : un beau SOL retentit !